Jürgen Klauke

Jürgen Klauke, "Gebaute figuren", 1973-74 - ensemble de 5 photographies en couleur - Collection Géotec, achat 2016

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Titre de l’œuvre : Gebaute figuren

Date de l’œuvre : 1973-74

Technique : ensemble de 5 photographies en couleur

Dimensions : 40 x 30 cm chaque

Collection Géotec, achat 2016

Localisation actuelle : Entrepôt 9 (Quetigny)

Installé à Cologne depuis 1968, Jürgen Klauke (né en 1943 à Kliding-Cochem, en Allemagne), l’un des pionniers de la performance et du Body Art*, produit également des dessins ainsi que des photographies conçues comme des « tableaux vivants », où il met en scène son propre corps en tant que principal outil d’expression, révélateur de questions profondes. Ses œuvres s’emparent de thèmes existentiels tels que l’amour, la mort, le désir, l’autonomie, la solitude, avec un sens du burlesque qui allège et élargit souvent le propos.

Dès le début des années 70, les séries de photographies regroupée sous le titre Transformer (terme anglais signifiant l’acte de transcender les définitions binaires du genre, qui est aussi le titre d’un album de Lou Reed), montrent J. Klauke se jouant des normes identitaires conventionnelles et des contraintes sociales, à une époque où la libération du corps et l’affirmation de soi n’en sont qu’à leurs prémices. Dans Illusion (1972), cheveux mi-longs, il suggère une nudité androgyne, un miroir à l’entre-jambe, et dans Self Performance (1972-73), habillé en mariée, il tient un bouquet de lys et des prothèses sexuées sont cousues sur son vêtement. La présentation de ces photographies, en séries, restitue en quelque sorte les diverses étapes de la performance de Klauke qui en est à l’origine. L’hybridation des caractères sexuels est également le sujet de la série Gebaute figuren (1973-74). L’artiste y met en scène, sur un registre à la fois érotique et grotesque, son corps et sa beauté androgyne : le crâne rasé, le visage outrageusement maquillé, affublé d’un justaucorps transparent et le sexe grossièrement dissimulé avec du coton. Les jambes de poupée gonflable, qu’il manipule de diverses manières, semblent fusionner avec sa propre anatomie. Klauke a été marqué par les photographies de l’artiste allemand Hans Bellmer (1902-1975) mettant en scène Die Puppe (la poupée), une sculpture en bois articulée qu’il avait lui-même fabriquée ; et par les photomontages érotiques de Pierre Molinier (1900-1976), autoportraits travestis ayant pour thème son obsession de l’androgynie. La série des « figures construites » de Klauke, personnage ambigu à la fois présent et absent, figé tel un pantin, donnent forme à la crise du corps et aux identités multiples que nous pouvons endosser tour à tour dans nos sociétés postmodernes. « Klauke expose magistralement les différentes possibilités qu’offre la photographie pour conceptualiser les formes socialisées de la représentation de soi et pour les transgresser » (Peter Weibel).

*L’expression Body Art réunit des artistes travaillant avec le langage du corps, le plus souvent en public : leur propre corps devient support d’une action, et non plus simple objet de représentation. L’expérience exécutée exprime, tantôt avec humour, tantôt avec gravité, les remises en cause des idées préconçues sur nos manières d’être. Des films ou des photographies gardent généralement trace de l’action.

 

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